Les saisons mortes

1 - « Les saisons mortes », le nouveau roman d’Iris

Du vécu à l’imaginaire, et de l’imaginaire à la réalité préconçue. Même si le début s’accroche au fil détenant la pelote, mais tout nous échappe à mesure que les pages tournaient. L’influence du ressenti dans la vie quotidienne, ses ambivalences et ses outrances parsèment les feuilles de ce nouveau roman, « Les saisons mortes », d’Iris. De sa Kabylie aux rencontres imprévues dans Paris, l’auteur pénètre l’indicible en faisant rejaillir les sentiments enfouis, engrangés par les réticences croisant des itinéraires ambigus. D’une solitude peu commune tiraillée par les souffrances et les difficultés, du doute dissimulé à l’incertitude combinée, et d’une réalité assumée à une existence consumée, Mohand-Lyazid Chibout (de son vrai nom) met en exergue la fragilité de son personnage principal, Ilès, qui, en se positionnant devant sa dualité, établit des corrélations non contiguës sur lesquelles venaient achopper non seulement son optimisme mais aussi son pessimisme. Et dans ces états d’âme l’ayant acculé entre l’espoir et le désespoir, il se résignait à simplement vivre.

« Les saisons mortes » comme titre métaphorique, et « Vivre dans la peau de celui qui n’a jamais vécu / Et exister dans un monde qui n’a jamais existé. » comme vers mélancolique ayant amorcé le roman, sont tout autant tranchants que révélateurs. Le texte porte en lui la quintessence de tous les déboires auxquels se heurtent l’exode de toutes les espèces du globe terrestre, les pauvretés accumulées et les poids des labeurs ingrats. Faisant ainsi parler la langue universelle de ses émotions, Iris envoie, par ce biais, une lettre aux âmes consciencieuses et, aussi et surtout, aux bêtes humaines transcendant leurs prérogatives matérielles au détriment des plus fragiles et de la nature délétère suffoquant sous leurs regards et goujateries.

Dans un style factuel, et parfois poétique et lyrique, « Les saisons mortes » requiert une tranquillité et un calme absolu pour ainsi être en phase avec les confessions de son auteur. Extirpant tout ce qui lui taraudait les méninges, et en sachant saisir son verbe du côté où celui-ci se réclamait, vif et sans détour, Iris s’assumait en nous éclairant par le bout de sa plume les chemins sinueux et ombrageux sur lesquels pataugeaient les métamorphoses conjoncturelles, sociales et politiques. Se confondant à son ombre, et sur les traces de son narrateur, il plongeait dans les méandres obscurs de ses pensées, et toute la gymnastique de son esprit s’associait aux pas hasardeux bifurquant plus d’une fois ses espoirs dans Paris. Atterri, là, perdu et sans repères dans son monde nouveau, sa quête existentielle se minimisait à mesure qu’il se cherchait et cherchait des espaces à ses exiguïtés. Se montrant du doigt, il responsabilisait sa personne tout en arborant le sens des implications de chacun afin d’agir, tant qu’il est temps, pour demain et pour ce monde tel qu’il sera. Conscient de tout, il évoque les maladies incurables et les débordements inconcevables tout en cherchant à identifier leurs causes en apportant les précautions préconçues établies à son échelle. Accentuée par ses visions sagement et hautement mesurées, sa franche lucidité tranchante mise en exergue, façonne deux mondes opposés : l’un humble et honnête, et l’autre prétentieux et véreux.

Ce roman profond dresse un tableau au vitriol de la condition existentielle et des jeux de miroirs dans lesquels nous nous confrontons et auxquels nous nous heurtons. D’une actualité évidente à l’espoir renouvelé, l’auteur nous conseille de ne pas trop espérer pour ainsi se satisfaire que d’une mièvre récompense et de l’incomplet. Certes, son texte est courageux et limpide tellement il aborde naïvement la complexité et les égarements moraux de l’être humain autant que les moments douloureux de son personnage solitaire. Il est, en somme, une consolation aux esprits affectés par les moments tristes de la vie et des nostalgies vaines passées inaperçues, tel un éclair, du ventre d’une mère à la tombe dans la terre. Comme il attise notre curiosité, il s’ouvre aussi à notre confiance en entrebâillant les fenêtres sur le bonheur recherché, celui de l’Amour salvateur et des ententes ovationnées. In Le Jeune Indépendant & Presse Algérie

2 - « Les saisons mortes », nouveau roman d’Iris

Vaste et pertinent sujet que soulève le nouveau roman d’Iris, « Les saisons mortes », paru récemment en France aux éditions Spinelle. Après les trois autres, « Traduire un silence », « Amoureux-nés », et « La finitude (La haine de soi) » traitant de la complexité de l’humain face à la responsabilité et la complicité de l’autre, lui-même, le voici dans celui qui se veut foisonnant car il jette son dévolu comme éclairage sur le monde qui l’entoure tout en donnant une lecture voire une analyse psychologique de la société, de ses valeurs et de la relativité de l’identité personnelle.

Tout commence par des vagissements comme signe de douleur pour finir enfin dans un non-sens et l’absurdité d’une existence. L’amorce était claire et glaçante : poussé à naître ; vivre pour souffrir ; et endurer pour à la fin être accueilli dans l’insignifiance. Mohand-Lyazid Chibout (de son vrai nom) livre avec lucidité tout ce qui froissait son cœur et habitait ses pensées. À travers les pores de son cœur affligé, et par la sensibilité de son verbe, il explorait le côté obscur des choses en allant là où l’opacité de la vie limitait la vue et freinait le pas. De l’autodestruction au comment se contrôler, et du comment se maîtriser au pourquoi se libérer, la philosophie dans le choix de ses mots pleins de vie, d’espérance et de tout ce qui va de pair avec le certain est là. Elle ruisselle en irriguant de rosée et en éclaboussant de lumière les recoins les plus obscurs de l’esprit. L’enchaînement et la construction ont fait de cet entremêlement une œuvre de qualité. S’interrogeant sur l’égoïsme de l’être humain engagé à détruire tout ce qui respire et vit, l’auteur va encore plus loin en qualifiant « l’humble invité » sur terre de dédaigneux. Pourvu par la Mère Nature de qualités sensorielles et motrices, et de cette empathie altruiste et attentionnée, l’homme organiserait en contrepartie ses relations et sa vie sociale, mais le voici dans le contresens de tout ce à quoi il est consacré.

« Les saisons mortes » pourraient être appelées « Les saisons claires » voire « Les saisons vernales » car la lecture entre les lignes influençait plutôt le lecteur à s’autodéterminer pour ainsi aborder du côté positif son existence et les abus rencontrés. Certes, son prologue comme son épilogue annonçaient dès la saisie du livre que celui-ci est sombre, mais il n’est pas pour autant aussi désespéré. En abordant la vie dans toutes ses dimensions, en fustigeant la fuite du temps et les conséquences de ses ombres envahissantes, en se résignant dans les bras de l’Amour salvateur qui promet, on se sent docilement emporté dans les thèmes dépeints jusqu’à se dire, en somme, que la lumière et l’ombre arrivent finalement à cohabiter, en catimini. Et il suffit pour cela d’un peu de sens, de pragmatisme, de volonté, de positif, de clairvoyance, de sincérité et d’ « humain » en soi.

Les pages ainsi traduites dans un lyrisme à la fois poétique et littéraire dénotent la complexité saisissante des rapports distants d’une société vis-à-vis de l’autre s’éduquant en elle. Les attentes vaines et les silences criards parsemés d’expectatives forcées ont fait des enfants de la Kabylie, de ceux de toute l’Algérie et de la planète entière des êtres persécutés, écartelés entre « s’ouvrir » ou « s’enfermer », « partir » ou « rester ». Des conséquences et des désordres moraux et sociaux aux promesses non tenues du cynisme des politicards jusqu’à nourrir dans autrui de la paranoïa et de la schizophrénie.

Réunissant des personnages aussi différents par le caractère que par l’évolution sociale, Iris s’avère être le miroir révélateur de chacun d’eux. En se cachant pour s’inventer, Ilès, son personnage principal, repoussait la mort par la perspicacité de son âme restée en éveil et dressait des pans juxtaposant le subjectif à l’objectif. En oubliant les ruptures devant les ententes espérées, transformé de la sorte par amour et complété par complicité par celle qui l’accompagnait, Jenny qui lui servait d’épithète, les voici tous les deux glorifiant ce halo d’espoir sur cette voie croisant deux destinées : Ilès qui cherchait à aimer afin de parvenir à un bonheur tout en se limitant à une vie conjugale, et Jenny qui s’accrochait en faisant déployer ses atouts de séduction, se projetait dans une vie parentale pour ainsi s’affirmer et donner plus de sens à sa vie et au rôle de la femme dans la société. In Le Matin

3 - Un voyage entre deux âges, entre deux rives

Paris, l’exil et le pays qu’il a quitté continuent d’habiter les œuvres d’Iris, de son vrai nom Mohand-Lyazid Chibout, qui vient de signer un nouveau roman sous le titre « Les saisons mortes », publié en France chez les Editions Spinelle. Et cette fois, l’auteur va à la rencontre d’un homme, Ilès, « coincé entre deux âges, le corps et l’âme séparés ». Ilès, c’est un peu l’auteur ; l’auteur, c’est un peu Ilès qui, en souhaitant devenir maître de son destin, le voici dépendant de ce qui le dépassait : la vie, ses aléas, ses canevas. Le personnage de Les saisons mortes part à la conquête d’un monde qui n’existe pas, les pas guidés par le hasard et la tête tourmentée par les pensées nauséabondes.

En évoquant la place de la femme algérienne dans la société, Iris écrit en la soutenant tout en étant à ses côtés : « Il est là propulsé le fruit des contagions des corps et des nuits solitaires quand le langage physique prône sur tout en témoignant son savoir par la pulsion et l’acte. Lui, l’héritier des droits conçus dans l’illettrisme, l’ignorance et la frustration ; et elle, la génisse attelée que consument les devoirs et l’analphabétisme. Lui, il cherche à maintenir son existence par l’autorité et les pratiques soldatesques ; et elle, naïve, elle s’incline en associant le sacré à l’innocuité de sa doctrine. Lui, il abuse de ce silence soutenu par les dogmes et façonné à sa manière ; et elle, docile et effacée, elle s’exprime par la tristesse et la passivité en devenant une pâte à pétrir loin de l’âme à chérir. Lui, dans l’effervescence de l’insane, il s’érige en patriarche ; et elle, dans la mollesse de ses desseins, elle s’éduque en femelle. Et on assiste à l’assouvissement des désirs égoïstes aux confins de l’asservissement et du détachement. Répondant à leurs tropismes élémentaires, le jour, ils se détruisent, et la nuit, ils s’inventent. Ainsi se renouvellent leurs éphémères refuges auxiliaires pour le bien-être de soi donnant des ombres continuelles à autrui. L’obstination liée à l’obligation, l’obligation à la soumission, la soumission à la dépravation, la dépravation à l’enfantement, et de cette parturition, s’émerge et s’étale la période puerpérale associant une mort sous-jacente vivant en filigrane dans une vie endeuillée supportant un corps qui n’est pas le sien et un autre contraire à ses goûts. Le premier, forcé à naître, est d’avance voué à l’échec, et le second, livré au chimérique, s’interroge comment aimer et vivre afin de parvenir à un bonheur permis, louable et durable. (...) ».

En demeurant complice de ce qui le préoccupait intérieurement, et pour se consoler, Iris, dans la peau d’un ascète, relativise ses goûts en leur donnant la saveur de sa petite enfance, de la nostalgie des lieux et des traditions restées inentamées et vierges durant aux confins de sa Kabylie natale. Ce va-et-vient entre Paris et sa Kabylie, entre ses racines et ses errances dans Paris, visible le jour et tangible le soir, emmène son lecteur au-delà des frontières de l’intime et de la psychologie de l’être confus. Libéré de sa négativité en s’échappant à de nombreuses habitudes physiques et mentales, et de ses efforts conscients en compagnie de Jenny, l’amour rencontré sur son chemin, le voici complice de cette lumière du jour ayant succédé aux ténèbres de ses nuits.

« Les résidus subsistaient tout de même au fil des jours qui passaient car la transposition et la transition étaient finalement un basculement sans conséquence d’une réalité dans une autre réalité. Cela ne sert à rien, en somme, de feindre sur la philosophie de la vie et du point d’interrogation planté majestueusement dans notre conscience, car d’une nouvelle habitude naîtra une autre habitude, et de cette dernière, de nouveaux schémas mentaux referont surface à leur tour », conclut-il. In Liberté & Dzinfos

4 - Sortie du nouveau livre d’Iris, « Les saisons mortes »

Du conflit de deux destins paradoxalement liés, l’un s’agrippant par amour à son verbe itinérant, l’autre se lassant par degrés de son être intransigeant, naquit « Les saisons mortes » d’Iris. Pour se saisir et comprendre ses évolutions incongrues, l’auteur, Mohand-Lyazid Chibout de son vrai nom, en se substituant à son personnage principal, essayait, en se projetant, d’assembler les pièces diaprâtes constituant les canevas de son existence. Humble et d’un tempérament discret, il s’efforçait de contourner les obstacles du convenu. Paris était là devant ses yeux et sous ses pas, visible le jour et tangible le soir. Une ville secrète et permissive qui lui offrait des alternatives tout en le faisant sortir de ses gonds, ainsi elle le maintenait affolé, exposé au rythme de la cadence de l’impatience et des besoins urgents. Pris dans ce rets du puzzle sans formes ainsi fabriqué, désagrégé, il courait en essayant de dépasser les ombres qui le rattrapaient. Dans ses errances vaines et sans but précis dans la recherche d’une reconnaissance de soi, il se justifiait dans son vocabulaire infatué en choisissant les mots que la vie lui imposait, ceux-là qu’il s’interdisait dans la quiétude si rare de son esprit. Une quête qui lui semblait pourtant indéfinissable et interminable dans cette balance penchée plus du côté du désespoir que de celui de l’espoir, mais, par cette vocation nourrissant des lendemains certains comme tout être humain acculé, plongé dans la souffrance morale, il se levait tôt pour accueillir les premières lueurs d’espoir tout en laissant s’effilocher derrière lui, dans son lit de parade, ses journées et nuits sombres. Ce qui le chagrinait et le préoccupait surtout étaient ces incitations à des réflexions, parfois irréfléchies, parfois consciencieuses l’entraînant, par la force des choses, sur des voies sinueuses couleurs de tous les litiges politiques et des discordes idéologiques en passant par les désordres écologiques conséquents auxquels étaient vouées les innocences nées d’un consentement forcé privant leurs auteurs de l’appellation par leurs prénoms. Annihilant les plus fragiles de leurs dignités humaines, le monde des borgnes, sous l’égide du monde aveugle et opaque, se soumettait jusqu’à se priver de ses droits primaires voire jusqu’à se laisser modeler en gogos par des voix haranguant les esprits dociles.

Chaque qualificatif employé par Mohand-Lyazid Chibout est pesé en étant intrinsèquement et nécessairement le signe d’un lénifiant liant l’auteur à son lecteur. En demeurant complice de ce qui le préoccupait intérieurement, et pour se consoler, Iris, dans la peau d’un ascète, relativise ses goûts en leur donnant la saveur de sa petite enfance, de la nostalgie des lieux et des traditions restées inentamées et vierges durant aux confins de sa Kabylie natale. Bousculant les âmes déjà meurtries par la pauvreté sociale en les noyant dans des perditions complexes et dépressions individuelles, les dépassements sorciers du système en place font de telle sorte à se maintenir et maintenir leurs prévarications. Les relents d’honneur et d’amour perduraient néanmoins, et ce, malgré les intimidations de l’ombre et les incriminations dans l’ombre.

Les personnages de « Les saisons mortes » sont transparents et pleins d’humanité. Ils sont avant tout humains. Leurs langages sont à la hauteur de leur degré d’éducation et de culture. Ils sont de ceux-là cultivant les bonnes manières en sachant mettre des limites à l’inconcevable, à l’égoïsme comme à l’opportunisme, à la niaiserie comme à la sournoiserie. S’élevant dans la courtoisie et la déférence, ils donnent un sens aux évolutions et aux usages de l’être humain. Le sens du partage les habite. Dictant des formes de conduite sans obligation, ils libèrent le permis comme ils interpellent l’interdit.

Même dans ses romans précédents, « Traduire un silence », « Amoureux-nés » ou « La finitude (La haine de soi) », Iris rimait espoir avec la réalité du quotidien. Pour lui, la vie est un assemblage de bribes cousues de patience, de sérénité, de persévérance et de résignation parfois qui se réunissent pour ainsi faire d’une combinaison une réussite et un équilibre. « Les saisons mortes » arborait dans ce sens en parvenant à idéaliser ce qui décevait tout en respectant la trame narrative sans censure. Avec un début frayant des chemins sans fin, et à l’image d’un timide abordant une femme, le narrateur se dénude en exposant son lyrisme aux canevas entourant ses espoirs et ses déceptions. La femme aux multiples contours rencontrée étant la vie désirée, et sa vie désirée, son cauchemar quotidien dans lequel baignaient la couleur et l’humeur de sa plume. L’amour déçoit comme il réjouit. Dans ses positions et oppositions face à l’infini et la finitude, face aux imitations l’invitant à fléchir et aux limitations conçues dans la réalité objective, ce monde clos dans lequel l’auteur nous accueille est celui de l’absolutisme individuel où le verbe règne en patriarche en entraînant le lecteur au-delà des frontières de l’intime et de la psychologie de l’être confus. In Kabyle Universel

5 - Algérie : « Les saisons mortes », le nouveau roman d’Iris

Mohand-Lyazid Chibout, nom de plume Iris, est né à Ait Soula, dans la région de Béjaïa en Algérie. Il est écrivain, poète et journaliste algérien.

Après une scolarité effectuée à Chemini en primaire et à Sidi Aïch dans le secondaire, Mohand-Lyazid Chibout poursuit ses études universitaires de mathématiques à l’USTHB, de journalisme et de littérature française à l’université d’Alger. Il s’oriente, entre 2002 et 2004, vers l’enseignement et le journalisme à Chemini, la commune dont il est natif, dans le département de Vgayet, en Kabylie. Il reprit des études en France et suit un master de lettres modernes à l’université de Nice Sophia Antipolis et à la Sorbonne Nouvelle – Paris III.

Installé donc à Paris, le regard rivé de l’autre côté, et avec des yeux d’avenir, Mohand-Lyazid Chibout (Iris) espère, avec la complicité de sa plume, voir un jour en ces renégats politiques des têtes consciencieuses de bonne foi œuvrant non à la ruine d’un pays mais à sa prospéritéIl est l’auteur de « Traduire un silence », de « Amoureux-nés » et de « La finitude » (La haine de soi). Les saisons mortes est le titre que porte son nouveau roman.

L’influence du ressenti dans la vie quotidienne, ses ambivalences et ses outrances, c’est ce que retracent les pages du nouveau roman, « Les saisons mortes », d’Iris.
L’auteur fait rejaillir les sentiments enfouis, engrangés par les réticences croisant des itinéraires ambigus. D’une solitude peu commune tiraillée par les souffrances et les difficultés, du doute dissimulé à l’incertitude combinée, et d’une réalité assumée à une existence consumée, L’écrivain Algérien met en exergue la fragilité de son personnage principal qui, en se positionnant devant sa dualité, établit des corrélations non contiguës sur lesquelles venaient achopper non seulement son optimisme mais aussi son pessimisme. Et dans ces états d’âme l’ayant acculé entre l’espoir et le désespoir, il se résignait à simplement vivre.

A travers son nouveau roman « Les saisons mortes », Iris nous conseille de ne pas trop espérer pour ainsi se satisfaire que d’une mièvre récompense et de l’incomplet. Ce roman est également une sorte de consolation aux esprits affectés par les moments tristes de la vie et des nostalgies vaines. In Icône Afrique

6 - Les saisons mortes, de Iris : Les silences qui se font entendre

Le regard est parlant aux yeux de ceux qui savent pénétrer les sentiments. Le roman Les saisons mortes [1] de Iris [2] est un miroir dans lequel chacun peut s’identifier. L’auteur prend comme point central l’âme qui erre parfois et revient d’autres fois vers le corps pour en faire fusion. Elle est la boussole qui oriente et qui aide à ne pas se perdre. L’écouter c’est savoir respecter ses besoins, tenir compte des douleurs abyssales qui la traversent tout au long d’une vie. Sans froisser la sensibilité de l’âme, l’homme avance subrepticement.

Le roman Les saisons mortes est une véritable exploration de ce qui se passe en soi lorsque les mots manquent à celui qui n’arrive pas à s’exprimer. C’est dans cette optique que l’auteur a bien voulu répondre à nos questions :

L’initiative : Quelle définition pouvez-vous donner à l’âme ?

Iris (Mohand-Lyazid Chibout) : L’homme respire et vit par les facultés réflexives ou intuitives que génèrent ses connaissances, et on parle du corps fait de chair en adéquation avec son esprit cherchant l’idéal dans ce qui l’entoure. La relation combinant le corps matériel et l’esprit immatériel s’appelle donc l’âme. C’est en quelque sorte comme la rose (fleur) en tant qu’organe associée à la couleur de ses pétales ou tiges, et de cette combinaison naît la senteur particulière à chacune. La senteur étant son âme.

Vous avez écrit à la page 45 : « Je suis revenu lécher là où j’avais l’habitude de cracher, là où d’autres avaient vomi avant moi ». Est-ce que vous pouvez donner plus d’explications à ce sujet ?

Ce qui était à l’origine de ce passage revient à la mauvaise habitude à laquelle mes pas conditionnés forçaient mon être physique à revenir sur les lieux non désirés. La routine ainsi enregistrée me harassait jusqu’à me faire exécrer ces endroits imposées par les limites des choses auxquelles je suis destiné. « Cracher » a été employé car tant de fois j’ai souhaité fuir mes habitudes, mais à chaque fois je revenais, bon gré mal gré, sur mes pas et récidivais tel un mauvais élève. « Vomir » a été utilisé en ayant dans mes pensées les autres souffrants des mêmes lassitudes couleurs de leurs laideurs morales vis-à-vis du poids de la vie et des attentes vaines.

À la page 68 vous avez écrit : « Pour être entendu il faut d’abord obéir ». Pensez-vous qu’actuellement nous prenons assez de temps pour nous écouter ? D’où peuvent provenir les malentendus ?

Ce passage est destiné à la vie, et c’est cette dernière qui nous impose, à ses manières, des façons d’être sans chercher à fouiner dans pourquoi je suis né, pourquoi je vis et pourquoi je meurs. « Pour te sentir heureux, limite tes visions, satisfais-toi de l’incomplet et prends ce qui est à ta portée », ainsi exige de nous la vie. Et pour répondre objectivement à votre question, tellement tout nous dépasse que nous ne prenons plus le temps de nous améliorer par l’unique et seul remède qu’est l’hygiène morale. Et les malentendus proviennent de nos conflits intérieurs et de l’individualisme et égoïsme engendrés par chacun face à ses difficultés. Quand le gibier se fait rare, la dent acérée l’accapare que pour elle.

Propos recueillis par Lamia Bereksi Meddahi - [1] Ed/ Spinelle, 2018. [2] De son vrai nom, Mohand-Lyazid Chibout. In L’Initiative

7 - Les saisons mortes : le rêveur éveillé et l'inspiré transi

Les passions qui entraînent, la morale qui freine. Le verbe intrusif interroge en venant dévoiler les secrets engloutis et cachés sous de pesants silences. Son écriture ne distrait point, plutôt elle extrait l’essentiel des crises existentielles et de l’éthique. L’imagination, parfois cohérente, parfois abracadabrante, s’exhibe dans ses envolées lyriques en emportant dans son essor les dérives verbales et les comportements sains.

Voici l’auteur dans un extrait de son prologue : « […] Tout ce qui subjugue l’œil attire le corps, et tout ce qui retient le corps peut tromper l’œil en discréditant l’esprit qui s’y mêle, sa personne coincée entre les craintes imposées et les audaces tolérées. […] Notre vie, qu’elle soit ennuyeuse par sa morale pesante ou par son sérieux déroutant manquant de sensibilité, ou encore par sa coquetterie provocante et vaniteuse, qu’elle trompe par tout ce qui brille et aveugle, l’accepter en l’instruisant dans une distraction complice serait un exutoire qui conduirait aux bonnes choses gratifiantes allant de pair avec ses taraudantes tortures, ses ombres obscures et son infidélité impure. Mais quand tout se substitue dans ce miroir intime des projections équivoques du vide et du néant, tantôt en harmonie, tantôt en contraste, où sa personne et son double s’exposent et se confient, où la raison et le flou se mêlent et se méfient, où l’espoir et l’inquiétude se croisent et se défient, où la vie rétrécie et la mort se légitime, là, le hasard s'invite et le destin s’enfante en devenant mère d’une fatalité. Et c’est durant ces confusions allégoriques et influentes que l’estime de soi se désagrège au profit de la haine de soi pour, en somme, favoriser l’orientation donnée explicitement à sa décrépitude établie précocement dans son esprit. »

D’abord, il y a eu « Traduire un silence » et « Amoureux-nés » dans leurs exhibitions intenses et denses d’un somnambule, en 2010. Puis vint « La finitude (La haine de soi) » dans ses provocations intimes à l’image d’un névrosé qui tourne, se retourne et s’agite, en 2014. Le voici, en 2018, dans « Les saisons mortes » qui se veut limpide, fascinant et passionnant aux couleurs de la clandestinité d’un verbe dévoilant sa face et cachant son secret. Du style, de la structure et de l’épaisseur dans la tangibilité de ses personnages originaux et dans l’apparence de leurs reflets invisibles. Iris, le rêveur éveillé et l’inspiré interrogé dans un hasard provoqué sous un verbe qui se love dans son semblable sans réserve et sans frein, continue son bout de chemin parisien semé d’embûches et d’habitudes, parfois lisses, parfois rudes. En mêlant l’intime et la fiction, son écriture ciselée traite des sujets de société. Plus son verbe est sensible, plus il est accessible, et plus il est lisible, plus ses textes prenaient de la hauteur. L’auteur, de son vrai nom, Mohand-Lyazid Chibout, dilatait son idéal « imaginaire » par l’emploi d’un verbe concret, correct et courageux luttant pour notre besoin et survie. C’est du côté où il soulevait le problème que la solution s’évoquait d’elle-même en venant au secours de celui qui la formulait. Comme il connaissait l’avilissement qui traduit, il se heurtait aussi à celui qui le fagotait délicatement. Son pays, l’Algérie, qui l’a vu naître, et la Kabylie où il espérait renaître. Servie par un style inclassable, son écriture aux couleurs chatoyantes témoignait à la fois les dérives de son sujet harmonisant à la fois ses implications et ses inspirations, tantôt tardives, tantôt anticipées.

« Les saisons mortes » est un voyage qui commence par un regard discret pour aboutir à des retrouvailles apprivoisées. Pour se départir de ses lugubres transpositions, et à la limite de ses espoirs et incertitudes, Ilès, son personnage principal, associa Jenny sa dulcinée, allègre et désirante, fervente défenseuse du climat, à ses pérégrinations intimes. De ce fait, l’auteur trouvait refuge dans ce quotidien mêlé de poésie et de récit décrit sous un angle méconnu. Le souffle retenu et le geste libéré, tout se consommait au rythme d’un tâtonnement libérant la tragédie de l’interdit dans cette lecture interrogative où l’on confond absurdité et lucidité, consolation et désolation. Souffrant de concrétisation, les désirs demeuraient néanmoins inassouvis, car, on ne sait, conséquemment, qui écrivait tellement la rêverie était douce. Un adulte ? Un enfant ? 

Naïve mais vive, passionnée de ce qui bouscule et interroge, l’écriture de ce magnifique roman qui est à la fois objective, innocente et profonde, curieuse et soucieuse de la décadence qui l’entoure, nous fait découvrir plusieurs fragments de notre vie, et dans chacun d’eux, chaque lecteur se reconnaît. De la frivolité à la sagesse, et de la brutalité à la tendresse, en passant par le pessimisme, les dérives, le présentisme et l’éternalisme, l’homme-humain, en persistant et en persévérant, faisait ce qu’il pouvait dans ce monde à la fois permissif et rigide. Des usages qui prévalaient en laissant filtrer la lumière au cœur de l’ignorance, de l’obscurantisme, des abus et dérives du régime en place, des conflits d’intérêt, des négligences par manque de maturité et responsabilité politiques et des multiples servitudes auxquelles étaient attelées nos femmes, ces proies jadis domestiquées, mais émancipées dans la défiance de l’interdit. In ADN-News