Y a-t-il un âge pour aimer ou un autre pour détester ? Y
a-t-il un âge pour s’aimer ou un autre pour se détester ?
La lecture d’ « Amoureux-nés » d’Iris (nom de plume de Mohand-Lyazid Chibout)
paru aux éditions Edilivre nous enseigne beaucoup sur cet état d’esprit à
l’instant T épris d’une passion folle à l’égard de celui s’égarant dans
l’obsolescence des sentiments car confronté aux aléas de la vie des temps
modernes. Laissant confronter amour loyal rêvé à celui chimérique vécu,
l’auteur cherche par son verbe à équilibrer la part des choses en s’adonnant à
la virtuosité de ses penchants, d’où l’ambiguïté dans l’emploi des méthodes
contraires à la quête du bonheur. L’obéissance et l’obédience portent leurs
noms dans une partie d’un cœur tout en entraînant l’autre dans la transgression
et l’indocilité.
Père décédé, mère désabusée, Mélyssa plonge dans des confusions de sentiments à la recherche d’un grand amour pouvant remplacer celui de son père, cet amour à la fois protecteur et charnel pour son âge… nubile. La monotonie de ses jours ombrés l’ont amenée à faire la connaissance d’un jeune étudiant croisé dans les halls de sa faculté. Ensemble, et sur ce chemin de la loyauté bordé de sincérité et de projets communs, ils se sont conquis. De leur connivence née avant l’heure, une passion a germé à la merci de leurs ententes morales et physiques, bien que leur passé ait été douloureux. S’adonner à cette passion qui les habite et s’éprendre l’un de l’autre de cette frénésie sans nom, durable de surcroît, qui les maintient en vie, plonge chacun d’eux dans la connaissance d’autrui au point de tolérer les défauts. Tout le sens de leur amour est là. Toute la philosophie de leur amour se résume dans « simplement aimer en répondant à l’arborescence de leur spontanéité sans fard ni retard. Mélyssa disait qu’avec toi, j’ai tout, et Micipsa répétait « Sans toi, je n’ai rien ».
Etudiants tous les deux, la présence de l’un aux côtés de l’autre est imparable, mais, en répondant à quelques caprices féminins, Mélyssa tente maintes fois de fuir la monotonie pour à la fois pimenter leur relation et inciter son amour à se manifester plus qu’il ne l’était. Cette attitude dérangeait Micipsa, et plus les jours passaient, plus il sentait que Mélyssa l’échappait. Elle dans son coin à se nourrir d’idées saugrenues en laissant le temps moisir ses pensées et leur relation, et lui dans ses recoins à noircir ses pages vierges, ce refuge auxiliaire auquel se livre une âme sensible, d’où leur amour en déliquescence. Même les mots pleins de sens de sa maman évoquant la politique abrupte à laquelle se livre le régime en menant le pays à son naufrage et à sa ruine, ou d’autres sur la philosophie de la vie n’ont pas apporté de positif à sa fille. (…) Ces petites négligences et ces petits détachements progressifs de ma part sont venus pour te pousser toi, à ton âge, à juger les hauts et les bas de la vie, à chercher et à attendre des égards et des soins, non seulement de ta mère mais aussi de celui qui prendra en mains, consciemment et intelligemment, tes égarements, d’être prudemment à la recherche des admirations masculines. On est tenté par notre inclination humaine, il n’y a pas de mal à cela, mais quand on est considérée tel un objet de plaisir sous des yeux qui nous imaginent automatiquement au lit, là ma fille est le pire de toutes les humiliations. Il est si doux, si consolant de parler de ce qu’on aime et avec qui on aime. La femme, la trentaine passée, voit son visage dans les reflets de son mari, contrairement à son âge ingrat, ses contours ronds et bien proportionnés ont été portés vaniteusement. C’est par amour du jeu qu’elle tombe dans le jeu de l’amour. A mon âge, je me juge de cette inconséquence morale comme une bassesse mais point de regret dans mon tréfonds car sans ça, je… (…)
Ce qui est beau dans ce roman est cette faculté de son auteur ayant su et pu ménager l’amour au détriment de tout. Dire que ce qui est semé à la bonne saison se cultive à la bonne saison, et que les mots ne changent rien en nous tant que nous ne pourrions changer ce qui est déjà en nous. Lire Iris est une chose, mais les adopter et les adapter en nous demeure cette faculté propre à soi de s’immiscer dans chacun de ses mots venant nous épargner des maux auxquels s’exposent nos instincts cloitrés. La conscience et la réalité se réveillent et s’entremêlent dans cette chute : « Mélyssa, tu es la fleur de mon âge / La fleur de tous les âges. »
« Amoureux-nés » d’Iris. Editions Edilivre, juillet 2010. 356 pages. 21.00 €. In Le Matin
3 - IRIS, HOMME JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN : « Notre littérature est florissante et ouverte sur le monde d'aujourd'hui »
Votre dernier roman s’intitule, « Amoureux-nés », qu’évoque-t-il justement ?
Comment vous est venue l’inspiration de cette histoire ?
Pourquoi ce titre, « Amoureux-nés » ?
Pouvez-vous nous parler de vos autres œuvres ?
Quels sont les écrivains qui vous influencent ?
Que pensez-vous de la littérature algérienne actuelle ?
Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
Quels sont vos projets d’écriture ?
Un mot pour conclure
Père décédé, mère désabusée, Mélyssa plonge dans des confusions de sentiments à la recherche d’un grand amour pouvant remplacer celui de son père, cet amour à la fois protecteur et charnel pour son âge… nubile. La monotonie de ses jours ombrés l’ont amenée à faire la connaissance d’un jeune étudiant croisé dans les halls de sa faculté. Ensemble, et sur ce chemin de la loyauté bordé de sincérité et de projets communs, ils se sont conquis. De leur connivence née avant l’heure, une passion a germé à la merci de leurs ententes morales et physiques, bien que leur passé ait été douloureux. S’adonner à cette passion qui les habite et s’éprendre l’un de l’autre de cette frénésie sans nom, durable de surcroît, qui les maintient en vie, plonge chacun d’eux dans la connaissance d’autrui au point de tolérer les défauts. Tout le sens de leur amour est là. Toute la philosophie de leur amour se résume dans « simplement aimer en répondant à l’arborescence de leur spontanéité sans fard ni retard. Mélyssa disait qu’avec toi, j’ai tout, et Micipsa répétait « Sans toi, je n’ai rien ».
Etudiants tous les deux, la présence de l’un aux côtés de l’autre est imparable, mais, en répondant à quelques caprices féminins, Mélyssa tente maintes fois de fuir la monotonie pour à la fois pimenter leur relation et inciter son amour à se manifester plus qu’il ne l’était. Cette attitude dérangeait Micipsa, et plus les jours passaient, plus il sentait que Mélyssa l’échappait. Elle dans son coin à se nourrir d’idées saugrenues en laissant le temps moisir ses pensées et leur relation, et lui dans ses recoins à noircir ses pages vierges, ce refuge auxiliaire auquel se livre une âme sensible, d’où leur amour en déliquescence. Même les mots pleins de sens de sa maman évoquant la politique abrupte à laquelle se livre le régime en menant le pays à son naufrage et à sa ruine, ou d’autres sur la philosophie de la vie n’ont pas apporté de positif à sa fille. (…) Ces petites négligences et ces petits détachements progressifs de ma part sont venus pour te pousser toi, à ton âge, à juger les hauts et les bas de la vie, à chercher et à attendre des égards et des soins, non seulement de ta mère mais aussi de celui qui prendra en mains, consciemment et intelligemment, tes égarements, d’être prudemment à la recherche des admirations masculines. On est tenté par notre inclination humaine, il n’y a pas de mal à cela, mais quand on est considérée tel un objet de plaisir sous des yeux qui nous imaginent automatiquement au lit, là ma fille est le pire de toutes les humiliations. Il est si doux, si consolant de parler de ce qu’on aime et avec qui on aime. La femme, la trentaine passée, voit son visage dans les reflets de son mari, contrairement à son âge ingrat, ses contours ronds et bien proportionnés ont été portés vaniteusement. C’est par amour du jeu qu’elle tombe dans le jeu de l’amour. A mon âge, je me juge de cette inconséquence morale comme une bassesse mais point de regret dans mon tréfonds car sans ça, je… (…)
Ce qui est beau dans ce roman est cette faculté de son auteur ayant su et pu ménager l’amour au détriment de tout. Dire que ce qui est semé à la bonne saison se cultive à la bonne saison, et que les mots ne changent rien en nous tant que nous ne pourrions changer ce qui est déjà en nous. Lire Iris est une chose, mais les adopter et les adapter en nous demeure cette faculté propre à soi de s’immiscer dans chacun de ses mots venant nous épargner des maux auxquels s’exposent nos instincts cloitrés. La conscience et la réalité se réveillent et s’entremêlent dans cette chute : « Mélyssa, tu es la fleur de mon âge / La fleur de tous les âges. »
« Amoureux-nés » d’Iris. Editions Edilivre, juillet 2010. 356 pages. 21.00 €. In Le Matin
2 - « L'écriture nous procure une certaine existence »
Conversation : Poète et romancier, Iris (Mohand-Lyazid
Chibout) est un auteur singulier. Dans cet entretien, il nous parle des ses
livres et de sa conception de la littérature.
S’exprimant sur ses livres, Mohand-Lyazid Chibout, qui prépare un troisième roman, La finitude, dira : « Traduire un silence est celui écrit d’une plume sombre et à l’ombre de tout, et Amoureux-nés, celui venu à la rescousse du premier en lui léguant tout l’espoir allant de pair avec le goût de la vie. En gros, les deux traitent du même sujet mais différemment élaboré : l’existence humaine, l’absurdité des mots qu’on s’attribue alors que le vécu n’est entre autres que celui frôlé par l’inconscient au moment de nos crises morales et d’angoisse tenace. »
S’exprimant sur ses livres, Mohand-Lyazid Chibout, qui prépare un troisième roman, La finitude, dira : « Traduire un silence est celui écrit d’une plume sombre et à l’ombre de tout, et Amoureux-nés, celui venu à la rescousse du premier en lui léguant tout l’espoir allant de pair avec le goût de la vie. En gros, les deux traitent du même sujet mais différemment élaboré : l’existence humaine, l’absurdité des mots qu’on s’attribue alors que le vécu n’est entre autres que celui frôlé par l’inconscient au moment de nos crises morales et d’angoisse tenace. »
Dans Traduire un silence, explique-t-il,
l’histoire se déroule en soi et avec des paniques intérieures s’abreuvant des
soucis fortement ressentis en l’absence de sa moitié, Kahina, sa muse que Yuba
vénère même en fermant les yeux. Tout le malaise psychologique venait du fait
de reporter, sans le vouloir, aux lendemains, pourtant incertains, les attentes
censées être vécues dans le présent. D’où cette peur de tout perdre en tombant
dans la résorption venant par degrés nous avilir. En associant le « je » à la
narration, le « moi » erre sans but précis et d’un pas hasardé tout en se
confrontant à la vie quotidienne, à ses aléas, aux mensonges gratuits de la
politique du piètre système en place… Et de poursuivre : « Amoureux-nés s’associe
à l’amour dans tout son concret et avec toutes les liaisons qui semblaient être
voilées et interdites par la non-libération des mœurs, ces dernières
confisquées, voire endoctrinées par le manque d’éducation allant toujours à
l’encontre de notre évolution et résolution. Mélyssa et Micipsa ont su trouver
le point commun agissant en parfaite osmose quand plongés, séparément, dans le
désespoir, l’espoir venait les motiver et ils voyaient en leur union le seul
but les ayant vus naître et ce, malgré l’instabilité sur tous les plans
économiques et sociaux, et écologiques et familiaux. Tout le mal venait, bien
sûr, du fait que notre société moderne est mal organisée, ce qui a engendré
individualisme et égoïsme, d’où cette disposition morale non conforme. »
A la question de la littérature algérienne actuelle, il dira qu’elle est toujours aussi florissante… De nouvelles plumes émergent et la richesse des trois couleurs du verbe ne fait qu’honorer l’aspect timide des années de plomb. Mais le mieux est d’encourager la nôtre, notre culture, notre langue amazighe en soulevant dans l’intérêt la pierre qui nous étouffe et voir dans nos reflets ce qui nous empêche vraiment d’avancer. Notre position actuelle est doublement sceptique et il faut s’ancrer dans un optimisme présent tourné vers un avenir prometteur si nous souhaitons que la génération de demain ne regrette pas sa mise au monde. Le devoir qui s’impose est celui de l’arrimage de toutes les tendances œuvrant pour la cause commune… Le fruit du rosier a toujours été une rose, lui greffer un plant d’une autre nature, cela n’engendrera que la dénaturation ! In InfoSoir (Dzlitt) & Bouillon de culture
A la question de la littérature algérienne actuelle, il dira qu’elle est toujours aussi florissante… De nouvelles plumes émergent et la richesse des trois couleurs du verbe ne fait qu’honorer l’aspect timide des années de plomb. Mais le mieux est d’encourager la nôtre, notre culture, notre langue amazighe en soulevant dans l’intérêt la pierre qui nous étouffe et voir dans nos reflets ce qui nous empêche vraiment d’avancer. Notre position actuelle est doublement sceptique et il faut s’ancrer dans un optimisme présent tourné vers un avenir prometteur si nous souhaitons que la génération de demain ne regrette pas sa mise au monde. Le devoir qui s’impose est celui de l’arrimage de toutes les tendances œuvrant pour la cause commune… Le fruit du rosier a toujours été une rose, lui greffer un plant d’une autre nature, cela n’engendrera que la dénaturation ! In InfoSoir (Dzlitt) & Bouillon de culture
3 - IRIS, HOMME JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN : « Notre littérature est florissante et ouverte sur le monde d'aujourd'hui »
De mon vrai nom Mohand-Lyazid Chibout, natif
d’Aït-Soula à Chemini dans le département de Vgayet en Kabylie. J’ai poursuivi
des études de mathématiques, de littérature française et de journalisme à Alger
avant d’être quelques temps dans l’enseignement et la presse pour enfin
atterrir sur le sol français en vue de publier mes textes et de parfaire mes
études de master de lettres modernes à l’université de Nice Sophia Antipolis et
la Sorbonne Nouvelle de Paris.
Pourquoi avoir choisi « Iris » comme votre
nom d’auteur ?
Iris est un nom de plume, un choix révélant une
connotation nous renvoyant à ce que dénote, en premier lieu, cette partie
colorée de l’œil changeant en fonction du milieu dans lequel elle se trouve.
Dire que les pages gobeuses en sont un guide auquel se soumet la muabilité d’un
verbe galvaudé d’une plume, d’où ce rapport intrinsèque avec mon nom d’auteur…
D’autres significations encore plus larges demeurent toutefois secondaires au
choix approprié duquel découlent et décèlent des sens d’ordre poétique tel le
spectre des couleurs de l’arc-en-ciel.
Comment êtes-vous venu à la littérature ?
A toute chose un début et à force de lire et de
plonger dans cette linéarité imaginaire sans jamais toucher le fond, cela
nourrit en soi des idées, des souhaits, des désirs que seul le monde imaginaire
pourrait atteindre et voilà qu’on se laisse envahir par des nuages de mots
créant autour de soi des ombres et des sinuosités. J’ai toujours lu avec des
arrière-pensées tout en rentrant dans l’intimité des mots… La vie nous prive de
tant de choses, par le verbe on espère tomber dans ces apprivoisements, ces
accoutumances nous invitant à frôler l’idéal tout en laissant perplexe sa
réalité falote car écrire est une chose et vivre autrement en est une autre.
C’est en quelque sorte comme être polissonné par sa propre morale, celle
supposée éclairer l’autre. Le commencement pour moi fut cette période
universitaire où l’abscons du verbe venait égaler la linéarité des équations
mathématiques. Car à force de sombrer dans la logique des choses, cette manie
ennuyeuse, un autre côté en moi cherchait à prolonger ses vues sur les teneurs
de notre existence. Tout l’abstrait et tout le désir inassouvi fomentent, en
bloc, dans le secret. Dire que j’ai toujours souhaité frôler l’insaisissable ne
serait-ce que par la délectation de mon verbe… Des perditions, des envolées
lyriques qui ne sont, en somme, que chimériques ! Il y a aussi cette tranche de
vie d’un certain âge, du temps où je gardais dans mes mains les grands romans
du 19e siècle traitant du romantisme et du réalisme, ainsi que ceux du 20e
arborant le surréalisme et de l’existentialisme, l’œil rétif, j’ai conçu
tardivement à quel point les propos de mon père, ceux de son âge comparés à mes
douleurs morales, étaient en parfaite adéquation du fait de m’orienter sur et
dans des lectures plus commodes allant dans le sens à épouser de près mes
aspirations et attentes de ce monde inviolable, ainsi les étapes de mon
évolution ne seraient qu’harmonieusement équilibrées.
Votre dernier roman s’intitule, « Amoureux-nés », qu’évoque-t-il justement ?
Le premier « Traduire un silence » publié aux
éditions Sefraber est écrit d’une plume sombre et à l’ombre de tout, « Amoureux-nés
» chez Edilivre est celui venu à la rescousse du premier en lui léguant tout
l’espoir allant de pair avec le goût de la vie. En gros, les deux traitent du
même sujet mais différemment élaboré, entre autres l’existence humaine
éphémère, l’absurdité des mots qu’on s’attribue alors que le vécu n’est en
somme que celui frôlé par l’inconscient au moment de nos crises morales et
d’angoisse tenace.
Dans « Traduire un silence », l’histoire se déroule en soi en marquant des pas avant l’action tout en se mêlant aux paniques intérieures, celles-ci même qui s’abreuvent des soucis fortement ressentis en l’absence de sa moitié, Kahina, sa muse, que Yuba vénère surtout dans le noir en gardant les yeux ouverts. Des scènes fantasmatiques auxquelles se livre ce dernier, celles-là qui le clouent physiquement et le libèrent moralement par le verbe. Une sorte d’un roman dans un roman se dessine en soi dont il est l’instigateur et l’inquisiteur : instigateur quand il se force à sortir de sa coquille, et inquisiteur quand il interroge l’autre, soit lui-même, d’où ces réticences et ces envies l’invitant à trancher et à faire des concessions tout en le laissant planer.
« Amoureux-nés » s’associe à l’omniprésence et à l’omnipotence d’un amour dans tout son concret et avec toutes les liaisons qui semblaient être voilées et interdites par la non libération des mœurs, ces dernières confisquées voire endoctrinées par le manque d’éducation allant toujours à l’encontre de notre évolution et résolution. Mélyssa et Micipsa, les deux personnages principaux, ont su trouver le point commun agissant en parfaite osmose quand plongés, séparément, dans le désespoir, l’espoir venait les motiver et voyaient en leur union le seul but les ayant vus naître, et ce malgré l’instabilité sur tous les plans et économiques et sociaux, et écologiques et familiaux. Tout le mal venait bien sûr du fait que notre société moderne est mal organisée, ce qui a engendré l’individualisme et l’égoïsme, d’où cette disposition morale informe et non conforme.
Dans « Traduire un silence », l’histoire se déroule en soi en marquant des pas avant l’action tout en se mêlant aux paniques intérieures, celles-ci même qui s’abreuvent des soucis fortement ressentis en l’absence de sa moitié, Kahina, sa muse, que Yuba vénère surtout dans le noir en gardant les yeux ouverts. Des scènes fantasmatiques auxquelles se livre ce dernier, celles-là qui le clouent physiquement et le libèrent moralement par le verbe. Une sorte d’un roman dans un roman se dessine en soi dont il est l’instigateur et l’inquisiteur : instigateur quand il se force à sortir de sa coquille, et inquisiteur quand il interroge l’autre, soit lui-même, d’où ces réticences et ces envies l’invitant à trancher et à faire des concessions tout en le laissant planer.
« Amoureux-nés » s’associe à l’omniprésence et à l’omnipotence d’un amour dans tout son concret et avec toutes les liaisons qui semblaient être voilées et interdites par la non libération des mœurs, ces dernières confisquées voire endoctrinées par le manque d’éducation allant toujours à l’encontre de notre évolution et résolution. Mélyssa et Micipsa, les deux personnages principaux, ont su trouver le point commun agissant en parfaite osmose quand plongés, séparément, dans le désespoir, l’espoir venait les motiver et voyaient en leur union le seul but les ayant vus naître, et ce malgré l’instabilité sur tous les plans et économiques et sociaux, et écologiques et familiaux. Tout le mal venait bien sûr du fait que notre société moderne est mal organisée, ce qui a engendré l’individualisme et l’égoïsme, d’où cette disposition morale informe et non conforme.
Comment vous est venue l’inspiration de cette histoire ?
Tout cela est inspiré du vécu quotidien quand
j’usais mes pantalons sur les bancs universitaires en aspirant à un avenir
radieux et aussi des statu quo-buttoirs auxquels se heurtait mon pas hasardé en
arpentant les rues d’Alger, comme tant d’autres d’ailleurs, la jeune tête
pleine de réalités imaginaires et de projets si bien soudés, le cœur énamouré,
les yeux avides, le visage livide car soutenu par ce désir ardent de sortir de
l’ordinaire. Finalement entre désir et attente, j’ai récolté des soupirs de
faiblesse face aux lendemains incertains et aux horizons bouchés jalonnés par
ce factice et cynique régime en place. Ce dernier doit disparaître : avec, on
n’est bannis, sans on existera. Dur de se soumettre à un mors et d’être sous la
férule d’un joug !
Pourquoi ce titre, « Amoureux-nés » ?
Un choix en rapport avec l’essence même du texte
et des deux cœurs qui y flamboient. Nés pour simplement vivre et pour échapper
aux griffes intransigeantes de la vie quand cette dernière propulse sans jamais
orienter. Au consciencieux de jeter sa gourme ! A cela nous renvoie donc le
titre.
Pouvez-vous nous parler de vos autres œuvres ?
« La finitude », mon troisième roman en chantier,
véhicule ce verbe dans cette complicité du « je » guidé et guidant son errance
psychologique ; l’œil observe, la mémoire conserve. Je conjugue toujours mon
verbe au présent tant que l’espace clément favorise l’inspiration dans la
conspiration du doute tout en touchant à cette philosophie de la vie modelant
notre passivité au lieu, bien sûr, de la façonner à notre manière.
Quels sont les écrivains qui vous influencent ?
Je ne peux être plus précis à ce sujet puisque je
lis tout et j’aspire tout quand je sens que le verbe est recherché.
L’enchaînement des faits romanesques ne m’a jamais captivé, par contre le style
en compte beaucoup, il est l’ossature même de toutes ces constructions et
interpénétrations devant les yeux se transposant en images sur la consolidation
égalitaire de ces dernières.
Que pensez-vous de la littérature algérienne actuelle ?
Toujours aussi florissante et toute ouverte sur
le monde d’aujourd’hui. Celle qui opère en aval et dans le sens à nous enrichir
est la bienvenue. La diversité a toujours apporté des points positifs. S’ouvrir
et se laisser découvrir permettent à l’esprit de franchir les barrières
jalonnées par l’interdit et aussi s’armer face à la philosophie de la vie. De
nouvelles plumes s’émergent et la richesse des trois couleurs du verbe ne fait
qu’honorer l’aspect timide des années de plomb. Mais le mieux est d’encourager
la nôtre, notre culture, notre langue tamazight en soulevant dans l’intérêt la
pierre qui nous étouffe et voir dans nos reflets ce qui nous empêche vraiment
d’avancer. L’identité, la nôtre, a un visage et un nom, elle est concrète et
immuable. Notre position actuelle est doublement sceptique et il faut s’ancrer
dans un optimisme présent tourné vers un avenir prometteur si nous souhaitons
que la génération de demain ne regrette sa mise au monde. Le devoir qui
s’impose est celui de l’arrimage de toutes les tendances œuvrant pour la cause
commune… Le fruit du rosier a toujours été une rose, lui greffer un plant d’une
autre nature, cela n’engendrera que la dénaturation.
Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
J’ai fini, il y a quelques temps, Paul Tabet dans
son œuvre « Elissa Rhaïs ». Passionnante écriture où chaque verbe se miroitait
dans son semblable, lyrisme et altruisme mêlés.
Quels sont vos projets d’écriture ?
En parler, c’est nourrir l’espoir de les réaliser…
J’écris toujours quand je tombe en compassion avec moi-même le temps d’un oubli
de soi et dans l’espoir de toucher à tout. Cela aide à s’évader comme sous un
effet narcotique. L’écriture comme toute autre création de l’esprit nous
procure une certaine existence en zone libre. Chercher l’amour du verbe, c’est
chercher la dépendance dans cette indépendance de la solitude à deux. « La
Finitude », mon troisième roman, suit son cours dans l’objectivité des mots
face à la subjectivité dans laquelle il s’abreuve. Il fait partie de moi,
s’ouvre dans le noir, se moralise, s’assagit face aux incongruités handicapant
mentalement la présente génération face à la pauvreté s’annonçant de plus en
plus menaçante et à la nature de moins en moins accueillante. C’est tout de
même délicat d’embrasser une carrière littéraire car le verbe nous récompense
de toutes les illusions et désillusions vécues dans l’imaginaire d’où sa
personne jugée futile par soi malgré la pondération de son verbe et l’utilité
de son savoir.
Un mot pour conclure
Je tiens à remercier votre journal de m’avoir
permis d’exprimer mes pensées à travers vos colonnes. Et que la justice
sociale, la démocratie et tout ce qui rime avec prospérité et euphorie viennent
conquérir nos âmes meurtries causées par ces dépassements abrupts des
politiques sans queue ni tête. In Le Courrier d’Algérie
4 - « Amoureux-nés » d'Iris : deux âmes, des mots, un amour !
Mélyssa, étudiante en psychologie à l’université d’Alger est le premier
personnage principal du roman, elle reflète cette créature algéroise fascinante
douée de tant de volonté et de désir ardent où, à chaque égarement de son
esprit, se recherche dans les mots bien ciselés de sa mère Nora devenue veuve
après la mort tragique de son mari, ce qui a chagriné et rendu morose
l’atmosphère dans laquelle toutes les deux évoluent et continuent à exister. Ce
qui est frappant aussi est cette nature plus heureuse, plus sage et plus
intelligente émotionnellement que renvoie sa mère malgré son âge, contrairement
à celle de sa fille austère et toujours aussi soucieuse d’un avenir moins
certain au milieu de cette société ornée de préjugés voire crasseuse, vicieuse
et hypocrite. Résolue à éviter ces dérives, elle s’évade en cherchant à
confondre sa personne avec celui sur lequel elle s’appuierait afin de réussir
et de fuir le quotidien harassant, se dit que seule une bonne compagnie
pourrait mettre le holà à ces faiblesses de toutes les perditions morales et à
cet handicap mental et moral d’une jeunesse trop pressurée et mal dans sa peau,
d’où cette rencontre fortuite avec Micipsa, cet autre personnage complétant le
premier et avec lequel il souhaitait associer ses rêveries hantant sa jeune
tête. Ce dernier aussi est étudiant à l’université d’Alger, lucide le jour et
confus le soir en rentrant dans sa chambre universitaire, quand penché sur ses
pages vierges, il mêle écriture et inspiration en les transposant sur les
qualités féminines et gracieuses émanant de Mélyssa, et tout dans l’espoir et
l’attente de se voir, un jour, publier, et panser, enfin, son miroir brisé du
temps où son âme se cherchait et cherchait refuge.
Un texte désinvolte mais lucidement mené dans la spontanéité de sa fascinante
finesse, à sa lecture. Il est une île paradisiaque dans laquelle baignent la
transparence et la symbiose des mots allant de pair avec les deux âmes vivant
au jour le jour avec ferveur en assumant la même passion dont l’une, masculine,
passionnelle et intelligente, et l’autre, féminine, émotionnelle et
instinctive. Un auteur qui narre ses journées pesantes guidées par la nature
insouciante de Mélyssa. Du lyrisme au sens amoureux du terme et une écriture
qui invite même à nous énamourer… Le mieux maintenant est de former une seule
ombre sur le chemin de la connivence et dans la matrice de toutes les folles
passions, et pendant les beaux jours et durant les fâcheuses nuits. Iris, par
sa complicité tenace, suit son destin et aide le hasard en le bousculant du
côté naïf des choses. La faille de l’écriture s’esquisse et réside dans cette
manière d’enchaîner en ne pensant à rien tout en se laissant emporter par les
lignes et au gré de ces courbes géométriquement interprétées et littéralement
conçues.
Des mots tangibles dans un thème absurde qu’est la vie concurrençant ce
penchant, cette volupté, cette passion nommée « Amour » résistant à tout en ne
cédant à rien.
Un roman remarquablement écrit avec un verbe instillant rigueur et splendeur
qui se lit passionnément ! In La Dépêche de Kabylie