Amoureux-nés

1 - « Amoureux-nés » ou l'harmonie des contraires

Y a-t-il un âge pour aimer ou un autre pour détester ? Y a-t-il un âge pour s’aimer ou un autre pour se détester ?
La lecture d’ « Amoureux-nés » d’Iris (nom de plume de Mohand-Lyazid Chibout) paru aux éditions Edilivre nous enseigne beaucoup sur cet état d’esprit à l’instant T épris d’une passion folle à l’égard de celui s’égarant dans l’obsolescence des sentiments car confronté aux aléas de la vie des temps modernes. Laissant confronter amour loyal rêvé à celui chimérique vécu, l’auteur cherche par son verbe à équilibrer la part des choses en s’adonnant à la virtuosité de ses penchants, d’où l’ambiguïté dans l’emploi des méthodes contraires à la quête du bonheur. L’obéissance et l’obédience portent leurs noms dans une partie d’un cœur tout en entraînant l’autre dans la transgression et l’indocilité.
Père décédé, mère désabusée, Mélyssa plonge dans des confusions de sentiments à la recherche d’un grand amour pouvant remplacer celui de son père, cet amour à la fois protecteur et charnel pour son âge… nubile. La monotonie de ses jours ombrés l’ont amenée à faire la connaissance d’un jeune étudiant croisé dans les halls de sa faculté. Ensemble, et sur ce chemin de la loyauté bordé de sincérité et de projets communs, ils se sont conquis. De leur connivence née avant l’heure, une passion a germé à la merci de leurs ententes morales et physiques, bien que leur passé ait été douloureux. S’adonner à cette passion qui les habite et s’éprendre l’un de l’autre de cette frénésie sans nom, durable de surcroît, qui les maintient en vie, plonge chacun d’eux dans la connaissance d’autrui au point de tolérer les défauts. Tout le sens de leur amour est là. Toute la philosophie de leur amour se résume dans « simplement aimer en répondant à l’arborescence de leur spontanéité sans fard ni retard. Mélyssa disait qu’avec toi, j’ai tout, et Micipsa répétait « Sans toi, je n’ai rien ».
Etudiants tous les deux, la présence de l’un aux côtés de l’autre est imparable, mais, en répondant à quelques caprices féminins, Mélyssa tente maintes fois de fuir la monotonie pour à la fois pimenter leur relation et inciter son amour à se manifester plus qu’il ne l’était. Cette attitude dérangeait Micipsa, et plus les jours passaient, plus il sentait que Mélyssa l’échappait. Elle dans son coin à se nourrir d’idées saugrenues en laissant le temps moisir ses pensées et leur relation, et lui dans ses recoins à noircir ses pages vierges, ce refuge auxiliaire auquel se livre une âme sensible, d’où leur amour en déliquescence. Même les mots pleins de sens de sa maman évoquant la politique abrupte à laquelle se livre le régime en menant le pays à son naufrage et à sa ruine, ou d’autres sur la philosophie de la vie n’ont pas apporté de positif à sa fille. (…) Ces petites négligences et ces petits détachements progressifs de ma part sont venus pour te pousser toi, à ton âge, à juger les hauts et les bas de la vie, à chercher et à attendre des égards et des soins, non seulement de ta mère mais aussi de celui qui prendra en mains, consciemment et intelligemment, tes égarements, d’être prudemment à la recherche des admirations masculines. On est tenté par notre inclination humaine, il n’y a pas de mal à cela, mais quand on est considérée tel un objet de plaisir sous des yeux qui nous imaginent automatiquement au lit, là ma fille est le pire de toutes les humiliations. Il est si doux, si consolant de parler de ce qu’on aime et avec qui on aime. La femme, la trentaine passée, voit son visage dans les reflets de son mari, contrairement à son âge ingrat, ses contours ronds et bien proportionnés ont été portés vaniteusement. C’est par amour du jeu qu’elle tombe dans le jeu de l’amour. A mon âge, je me juge de cette inconséquence morale comme une bassesse mais point de regret dans mon tréfonds car sans ça, je… (…)
Ce qui est beau dans ce roman est cette faculté de son auteur ayant su et pu ménager l’amour au détriment de tout. Dire que ce qui est semé à la bonne saison se cultive à la bonne saison, et que les mots ne changent rien en nous tant que nous ne pourrions changer ce qui est déjà en nous. Lire Iris est une chose, mais les adopter et les adapter en nous demeure cette faculté propre à soi de s’immiscer dans chacun de ses mots venant nous épargner des maux auxquels s’exposent nos instincts cloitrés. La conscience et la réalité se réveillent et s’entremêlent dans cette chute : « Mélyssa, tu es la fleur de mon âge / La fleur de tous les âges. »
« Amoureux-nés » d’Iris. Editions Edilivre, juillet 2010. 356 pages. 21.00 €. In Le Matin

2 - « L'écriture nous procure une certaine existence »

Conversation : Poète et romancier, Iris (Mohand-Lyazid Chibout) est un auteur singulier. Dans cet entretien, il nous parle des ses livres et de sa conception de la littérature.
S’exprimant sur ses livres, Mohand-Lyazid Chibout, qui prépare un troisième roman, La finitude, dira : « Traduire un silence est celui écrit d’une plume sombre et à l’ombre de tout, et Amoureux-nés, celui venu à la rescousse du premier en lui léguant tout l’espoir allant de pair avec le goût de la vie. En gros, les deux traitent du même sujet mais différemment élaboré : l’existence humaine, l’absurdité des mots qu’on s’attribue alors que le vécu n’est entre autres que celui frôlé par l’inconscient au moment de nos crises morales et d’angoisse tenace. »
Dans Traduire un silence, explique-t-il, l’histoire se déroule en soi et avec des paniques intérieures s’abreuvant des soucis fortement ressentis en l’absence de sa moitié, Kahina, sa muse que Yuba vénère même en fermant les yeux. Tout le malaise psychologique venait du fait de reporter, sans le vouloir, aux lendemains, pourtant incertains, les attentes censées être vécues dans le présent. D’où cette peur de tout perdre en tombant dans la résorption venant par degrés nous avilir. En associant le « je » à la narration, le « moi » erre sans but précis et d’un pas hasardé tout en se confrontant à la vie quotidienne, à ses aléas, aux mensonges gratuits de la politique du piètre système en place… Et de poursuivre : « Amoureux-nés s’associe à l’amour dans tout son concret et avec toutes les liaisons qui semblaient être voilées et interdites par la non-libération des mœurs, ces dernières confisquées, voire endoctrinées par le manque d’éducation allant toujours à l’encontre de notre évolution et résolution. Mélyssa et Micipsa ont su trouver le point commun agissant en parfaite osmose quand plongés, séparément, dans le désespoir, l’espoir venait les motiver et ils voyaient en leur union le seul but les ayant vus naître et ce, malgré l’instabilité sur tous les plans économiques et sociaux, et écologiques et familiaux. Tout le mal venait, bien sûr, du fait que notre société moderne est mal organisée, ce qui a engendré individualisme et égoïsme, d’où cette disposition morale non conforme. »
A la question de la littérature algérienne actuelle, il dira qu’elle est toujours aussi florissante… De nouvelles plumes émergent et la richesse des trois couleurs du verbe ne fait qu’honorer l’aspect timide des années de plomb. Mais le mieux est d’encourager la nôtre, notre culture, notre langue amazighe en soulevant dans l’intérêt la pierre qui nous étouffe et voir dans nos reflets ce qui nous empêche vraiment d’avancer. Notre position actuelle est doublement sceptique et il faut s’ancrer dans un optimisme présent tourné vers un avenir prometteur si nous souhaitons que la génération de demain ne regrette pas sa mise au monde. Le devoir qui s’impose est celui de l’arrimage de toutes les tendances œuvrant pour la cause commune… Le fruit du rosier a toujours été une rose, lui greffer un plant d’une autre nature, cela n’engendrera que la dénaturation ! In InfoSoir (Dzlitt) & Bouillon de culture

3 - IRIS, HOMME JOURNALISTE ET ÉCRIVAIN : « Notre littérature est florissante et ouverte sur le monde d'aujourd'hui »

Qui est Iris ?
De mon vrai nom Mohand-Lyazid Chibout, natif d’Aït-Soula à Chemini dans le département de Vgayet en Kabylie. J’ai poursuivi des études de mathématiques, de littérature française et de journalisme à Alger avant d’être quelques temps dans l’enseignement et la presse pour enfin atterrir sur le sol français en vue de publier mes textes et de parfaire mes études de master de lettres modernes à l’université de Nice Sophia Antipolis et la Sorbonne Nouvelle de Paris.

Pourquoi avoir choisi « Iris » comme votre nom d’auteur ?
Iris est un nom de plume, un choix révélant une connotation nous renvoyant à ce que dénote, en premier lieu, cette partie colorée de l’œil changeant en fonction du milieu dans lequel elle se trouve. Dire que les pages gobeuses en sont un guide auquel se soumet la muabilité d’un verbe galvaudé d’une plume, d’où ce rapport intrinsèque avec mon nom d’auteur… D’autres significations encore plus larges demeurent toutefois secondaires au choix approprié duquel découlent et décèlent des sens d’ordre poétique tel le spectre des couleurs de l’arc-en-ciel.

Comment êtes-vous venu à la littérature ?
A toute chose un début et à force de lire et de plonger dans cette linéarité imaginaire sans jamais toucher le fond, cela nourrit en soi des idées, des souhaits, des désirs que seul le monde imaginaire pourrait atteindre et voilà qu’on se laisse envahir par des nuages de mots créant autour de soi des ombres et des sinuosités. J’ai toujours lu avec des arrière-pensées tout en rentrant dans l’intimité des mots… La vie nous prive de tant de choses, par le verbe on espère tomber dans ces apprivoisements, ces accoutumances nous invitant à frôler l’idéal tout en laissant perplexe sa réalité falote car écrire est une chose et vivre autrement en est une autre. C’est en quelque sorte comme être polissonné par sa propre morale, celle supposée éclairer l’autre. Le commencement pour moi fut cette période universitaire où l’abscons du verbe venait égaler la linéarité des équations mathématiques. Car à force de sombrer dans la logique des choses, cette manie ennuyeuse, un autre côté en moi cherchait à prolonger ses vues sur les teneurs de notre existence. Tout l’abstrait et tout le désir inassouvi fomentent, en bloc, dans le secret. Dire que j’ai toujours souhaité frôler l’insaisissable ne serait-ce que par la délectation de mon verbe… Des perditions, des envolées lyriques qui ne sont, en somme, que chimériques ! Il y a aussi cette tranche de vie d’un certain âge, du temps où je gardais dans mes mains les grands romans du 19e siècle traitant du romantisme et du réalisme, ainsi que ceux du 20e arborant le surréalisme et de l’existentialisme, l’œil rétif, j’ai conçu tardivement à quel point les propos de mon père, ceux de son âge comparés à mes douleurs morales, étaient en parfaite adéquation du fait de m’orienter sur et dans des lectures plus commodes allant dans le sens à épouser de près mes aspirations et attentes de ce monde inviolable, ainsi les étapes de mon évolution ne seraient qu’harmonieusement équilibrées.

Votre dernier roman s’intitule, « Amoureux-nés », qu’évoque-t-il justement ?
Le premier « Traduire un silence » publié aux éditions Sefraber est écrit d’une plume sombre et à l’ombre de tout, « Amoureux-nés » chez Edilivre est celui venu à la rescousse du premier en lui léguant tout l’espoir allant de pair avec le goût de la vie. En gros, les deux traitent du même sujet mais différemment élaboré, entre autres l’existence humaine éphémère, l’absurdité des mots qu’on s’attribue alors que le vécu n’est en somme que celui frôlé par l’inconscient au moment de nos crises morales et d’angoisse tenace.
Dans « Traduire un silence », l’histoire se déroule en soi en marquant des pas avant l’action tout en se mêlant aux paniques intérieures, celles-ci même qui s’abreuvent des soucis fortement ressentis en l’absence de sa moitié, Kahina, sa muse, que Yuba vénère surtout dans le noir en gardant les yeux ouverts. Des scènes fantasmatiques auxquelles se livre ce dernier, celles-là qui le clouent physiquement et le libèrent moralement par le verbe. Une sorte d’un roman dans un roman se dessine en soi dont il est l’instigateur et l’inquisiteur : instigateur quand il se force à sortir de sa coquille, et inquisiteur quand il interroge l’autre, soit lui-même, d’où ces réticences et ces envies l’invitant à trancher et à faire des concessions tout en le laissant planer.
« Amoureux-nés » s’associe à l’omniprésence et à l’omnipotence d’un amour dans tout son concret et avec toutes les liaisons qui semblaient être voilées et interdites par la non libération des mœurs, ces dernières confisquées voire endoctrinées par le manque d’éducation allant toujours à l’encontre de notre évolution et résolution. Mélyssa et Micipsa, les deux personnages principaux, ont su trouver le point commun agissant en parfaite osmose quand plongés, séparément, dans le désespoir, l’espoir venait les motiver et voyaient en leur union le seul but les ayant vus naître, et ce malgré l’instabilité sur tous les plans et économiques et sociaux, et écologiques et familiaux. Tout le mal venait bien sûr du fait que notre société moderne est mal organisée, ce qui a engendré l’individualisme et l’égoïsme, d’où cette disposition morale informe et non conforme.

Comment vous est venue l’inspiration de cette histoire ?
Tout cela est inspiré du vécu quotidien quand j’usais mes pantalons sur les bancs universitaires en aspirant à un avenir radieux et aussi des statu quo-buttoirs auxquels se heurtait mon pas hasardé en arpentant les rues d’Alger, comme tant d’autres d’ailleurs, la jeune tête pleine de réalités imaginaires et de projets si bien soudés, le cœur énamouré, les yeux avides, le visage livide car soutenu par ce désir ardent de sortir de l’ordinaire. Finalement entre désir et attente, j’ai récolté des soupirs de faiblesse face aux lendemains incertains et aux horizons bouchés jalonnés par ce factice et cynique régime en place. Ce dernier doit disparaître : avec, on n’est bannis, sans on existera. Dur de se soumettre à un mors et d’être sous la férule d’un joug !

Pourquoi ce titre, « Amoureux-nés » ?
Un choix en rapport avec l’essence même du texte et des deux cœurs qui y flamboient. Nés pour simplement vivre et pour échapper aux griffes intransigeantes de la vie quand cette dernière propulse sans jamais orienter. Au consciencieux de jeter sa gourme ! A cela nous renvoie donc le titre.

Pouvez-vous nous parler de vos autres œuvres ?
« La finitude », mon troisième roman en chantier, véhicule ce verbe dans cette complicité du « je » guidé et guidant son errance psychologique ; l’œil observe, la mémoire conserve. Je conjugue toujours mon verbe au présent tant que l’espace clément favorise l’inspiration dans la conspiration du doute tout en touchant à cette philosophie de la vie modelant notre passivité au lieu, bien sûr, de la façonner à notre manière.

Quels sont les écrivains qui vous influencent ?
Je ne peux être plus précis à ce sujet puisque je lis tout et j’aspire tout quand je sens que le verbe est recherché. L’enchaînement des faits romanesques ne m’a jamais captivé, par contre le style en compte beaucoup, il est l’ossature même de toutes ces constructions et interpénétrations devant les yeux se transposant en images sur la consolidation égalitaire de ces dernières.

Que pensez-vous de la littérature algérienne actuelle ?
Toujours aussi florissante et toute ouverte sur le monde d’aujourd’hui. Celle qui opère en aval et dans le sens à nous enrichir est la bienvenue. La diversité a toujours apporté des points positifs. S’ouvrir et se laisser découvrir permettent à l’esprit de franchir les barrières jalonnées par l’interdit et aussi s’armer face à la philosophie de la vie. De nouvelles plumes s’émergent et la richesse des trois couleurs du verbe ne fait qu’honorer l’aspect timide des années de plomb. Mais le mieux est d’encourager la nôtre, notre culture, notre langue tamazight en soulevant dans l’intérêt la pierre qui nous étouffe et voir dans nos reflets ce qui nous empêche vraiment d’avancer. L’identité, la nôtre, a un visage et un nom, elle est concrète et immuable. Notre position actuelle est doublement sceptique et il faut s’ancrer dans un optimisme présent tourné vers un avenir prometteur si nous souhaitons que la génération de demain ne regrette sa mise au monde. Le devoir qui s’impose est celui de l’arrimage de toutes les tendances œuvrant pour la cause commune… Le fruit du rosier a toujours été une rose, lui greffer un plant d’une autre nature, cela n’engendrera que la dénaturation.

Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
J’ai fini, il y a quelques temps, Paul Tabet dans son œuvre « Elissa Rhaïs ». Passionnante écriture où chaque verbe se miroitait dans son semblable, lyrisme et altruisme mêlés.

Quels sont vos projets d’écriture ?
En parler, c’est nourrir l’espoir de les réaliser… J’écris toujours quand je tombe en compassion avec moi-même le temps d’un oubli de soi et dans l’espoir de toucher à tout. Cela aide à s’évader comme sous un effet narcotique. L’écriture comme toute autre création de l’esprit nous procure une certaine existence en zone libre. Chercher l’amour du verbe, c’est chercher la dépendance dans cette indépendance de la solitude à deux. « La Finitude », mon troisième roman, suit son cours dans l’objectivité des mots face à la subjectivité dans laquelle il s’abreuve. Il fait partie de moi, s’ouvre dans le noir, se moralise, s’assagit face aux incongruités handicapant mentalement la présente génération face à la pauvreté s’annonçant de plus en plus menaçante et à la nature de moins en moins accueillante. C’est tout de même délicat d’embrasser une carrière littéraire car le verbe nous récompense de toutes les illusions et désillusions vécues dans l’imaginaire d’où sa personne jugée futile par soi malgré la pondération de son verbe et l’utilité de son savoir.

Un mot pour conclure
Je tiens à remercier votre journal de m’avoir permis d’exprimer mes pensées à travers vos colonnes. Et que la justice sociale, la démocratie et tout ce qui rime avec prospérité et euphorie viennent conquérir nos âmes meurtries causées par ces dépassements abrupts des politiques sans queue ni tête. In Le Courrier d’Algérie

4 - « Amoureux-nés » d'Iris : deux âmes, des mots, un amour !

Après l’écho tant attendu suite à la sortie du premier roman « Traduire un silence » aux éditions Sefraber (France), Iris, nom de plume de Mohand-Lyazid CHIBOUT, nous revient dans son deuxième fruit « Amoureux-nés » publié récemment chez Edilivre (France) avec toujours dans cette quête du « Moi » devant la fugacité de la vie où le lecteur se laisse envahir de délectation suprême l’invitant à élargir son champ visuel pour tomber, à la fin, dans cette récompense de l’apaisement. Un roman de grande plénitude nous invitant à de merveilleux moments de prose et écrit d’une plume à la fois soucieuse et délibérée en harmonie avec le « savoir-faire » et « le savoir-vivre ». Doutes et inquiétudes semés dans les premières pages nous invitent au fur et à mesure, et tout le long de sa lecture, dans cette matrice où l’imposant verbe sensible s’annonce tel un droit absolu que chacun partage, tacitement parlant, dans ce havre de paix et de quiétude où l’on s’attarde volontiers.
Mélyssa, étudiante en psychologie à l’université d’Alger est le premier personnage principal du roman, elle reflète cette créature algéroise fascinante douée de tant de volonté et de désir ardent où, à chaque égarement de son esprit, se recherche dans les mots bien ciselés de sa mère Nora devenue veuve après la mort tragique de son mari, ce qui a chagriné et rendu morose l’atmosphère dans laquelle toutes les deux évoluent et continuent à exister. Ce qui est frappant aussi est cette nature plus heureuse, plus sage et plus intelligente émotionnellement que renvoie sa mère malgré son âge, contrairement à celle de sa fille austère et toujours aussi soucieuse d’un avenir moins certain au milieu de cette société ornée de préjugés voire crasseuse, vicieuse et hypocrite. Résolue à éviter ces dérives, elle s’évade en cherchant à confondre sa personne avec celui sur lequel elle s’appuierait afin de réussir et de fuir le quotidien harassant, se dit que seule une bonne compagnie pourrait mettre le holà à ces faiblesses de toutes les perditions morales et à cet handicap mental et moral d’une jeunesse trop pressurée et mal dans sa peau, d’où cette rencontre fortuite avec Micipsa, cet autre personnage complétant le premier et avec lequel il souhaitait associer ses rêveries hantant sa jeune tête. Ce dernier aussi est étudiant à l’université d’Alger, lucide le jour et confus le soir en rentrant dans sa chambre universitaire, quand penché sur ses pages vierges, il mêle écriture et inspiration en les transposant sur les qualités féminines et gracieuses émanant de Mélyssa, et tout dans l’espoir et l’attente de se voir, un jour, publier, et panser, enfin, son miroir brisé du temps où son âme se cherchait et cherchait refuge.
Un texte désinvolte mais lucidement mené dans la spontanéité de sa fascinante finesse, à sa lecture. Il est une île paradisiaque dans laquelle baignent la transparence et la symbiose des mots allant de pair avec les deux âmes vivant au jour le jour avec ferveur en assumant la même passion dont l’une, masculine, passionnelle et intelligente, et l’autre, féminine, émotionnelle et instinctive. Un auteur qui narre ses journées pesantes guidées par la nature insouciante de Mélyssa. Du lyrisme au sens amoureux du terme et une écriture qui invite même à nous énamourer… Le mieux maintenant est de former une seule ombre sur le chemin de la connivence et dans la matrice de toutes les folles passions, et pendant les beaux jours et durant les fâcheuses nuits. Iris, par sa complicité tenace, suit son destin et aide le hasard en le bousculant du côté naïf des choses. La faille de l’écriture s’esquisse et réside dans cette manière d’enchaîner en ne pensant à rien tout en se laissant emporter par les lignes et au gré de ces courbes géométriquement interprétées et littéralement conçues.
Des mots tangibles dans un thème absurde qu’est la vie concurrençant ce penchant, cette volupté, cette passion nommée « Amour » résistant à tout en ne cédant à rien.
Un roman remarquablement écrit avec un verbe instillant rigueur et splendeur qui se lit passionnément ! In La Dépêche de Kabylie